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10 février 2007

LE TIGRE CELTIQUE IRLANDAIS

tigre

L’atypisme de l’émergence du Tigre Celtique Irlandais et ses limites

J’ai toujours voulu écrire un livre sur l’Irlande, petit pays profondément attachant par sa culture celtique, sa population simple et chaleureuse, ses paysages uniques et par son climat si spécifique.

Cette envie m’est venu à la suite de mon expérience de trois ans en Irlande, où j’ai vécu à Dublin.

En effet, en 1999, l’Irlande était en pleine expansion économique et il était très facile de trouver un emploi bien payé, dans des call-centers de grandes entreprises informatiques, en l’occurrence IBM en ce qui me concerne. Mais faute de temps et de motivation, je n’ai pas pu écrire ce livre.

Dans le cadre de ma maîtrise, j’ai pu entreprendre ce projet de recherche, qui m’a énormément apporté. Ce projet a présenté un véritable challenge d’une part, parce qu’il traite d’un sujet économique, matière paradoxale à mon cursus scolaire ; d’autre part, parce qu’il s’agit d’un sujet assez « lourd » que j’ai essayé de rendre le plus attirant possible par une approche originale et spécifique.

Mais la thèse en elle-même représente près de 150 pages, je ne vous en ai copié que quelques passages clés.

Pourquoi certains pays sont riches et d’autres pauvres ? Pourquoi l’Ouest du monde s’est-il développé aussi vite au cours des ces 500 dernières années, alors que le reste du monde a stagné ? Et pourquoi certains pays comme en Asie de l’Est, se sont développés aussi rapidement dans la dernière moitié du siècle ?

Si mon sujet n’a pas la prétention d’étudier les sources de croissance de tous ces pays, il apporte en contrepartie un caractère beaucoup plus analytique d’un pays, l’Irlande, dont l’émergence économique est totalement atypique.

En effet, il est bien loin le temps où les Irlandais, chassés par la famine, quittaient leur île par milliers pour tenter leur chance en Amérique…

Au XIXème siècle, il y avait une image figée de l’Irlande, qui est restée la même jusqu’au XXème siècle. Cette image était celle d’un pays pauvre, arriéré, insulaire, presque primitif, que la révolution industrielle n’avait pas touché. Dans ses chansons, l’Irlande était « le pays le plus affligé jamais vu » et un pays où on ne trouvait aucun d’emploi comme le chante Christy Moore dans son album « Ordinary Man » : « But everywhere I go, the answer is always no, there is no work for anyone here today ». L’Irlande était symbolisé par le « Sea’n Bhear’Bochf » (« la pauvre femme »).

Jusqu’en 1987, l’économie irlandaise était dans une situation critique. Au plus fort de ses difficultés, son taux de chômage s’est élevé, au milieu des années 1980, jusqu’à 17%. Les tendances défavorables se cumulaient : stagnation de l’emploi, forte émigration, inflation élevée, finances publiques fortement déficitaires et impliquant un lourd endettement rapporté au PIB; les impôts étaient élevés, sans parler de la dette nationale, qui a atteint jusqu’à 129% du PIB.

Cela n’allait toutefois pas durer. Longtemps cantonné à un rôle de fournisseur de main d’oeuvre peu qualifiée ou de produits agricoles pour le colonisateur britannique, le pays n’a pu mener de réelle politique de développement qu’après la Seconde Guerre mondiale, même si la proclamation formelle de l’indépendance date de 1937.

Cette proclamation de la République en 1937, l’entrée dans la Communauté Européenne en 1973 et dans l’Union Monétaire Européenne en 1999, sont autant d’étapes qui ont mené le pays sur la voie de la croissance.

L’Irlande a ainsi connu, dans les années 60, une croissance de son PIB comparable à celle des autres pays européens, oscillant entre 4 et 5 %. Mais le ralentissement de la croissance des années 70, observé dans toutes les sociétés développées, donne un coup d’arrêt à ce processus, freinant la modernisation d’une économie encore essentiellement tournée vers l’agriculture, l’élevage, l’industrie textile et celle du cuir. Chose remarquable, au début des années 90, l’Irlande était toujours à la traîne et souffrait d’un chômage élevé et d’une émigration forte. On croyait qu’après les efforts fournis pendant de nombreuses années passées à travailler pour développer l’économie irlandaise seraient forcément infructueux.

Au milieu des années 90, la situation se renverse : tous les indicateurs économiques irlandais passent progressivement au vert. Mieux, l’Irlande devient "le meilleur élève de la classe européenne", distançant largement tous les autres pays membres.

De fait, depuis les années 90, l’Eire a su relancer son économie en offrant aux investisseurs étrangers des sites industriels clés en main, assortis de taux d’imposition avantageux, tout en garantissant la paix sociale.  De quoi laisser rêveur plus d’un pays européen.

Ainsi, d’éternel perdant de l’Europe occidentale sur le plan économique pendant des générations, l’Irlande est devenue aujourd’hui un modèle de croissance, passant en quelques décennies d’une économie axée sur l’agriculture à une économie exportatrice de matériel de télécommunications, de logiciels et de services financiers.

Résultat : Tous les grands de l’informatique (Dell, IBM, Xerox, Microsoft, HP) ainsi que de nombreux call center ou des laboratoires pharmaceutiques se sont implantés en Irlande.

C’est ainsi que l’Irlande est devenue en quelques années celle que l’on appelle désormais « le Tigre celtique » de l’Europe, avec un taux de croissance à faire pâlir de jalousie tous ses voisins ; appellation en référence aux Etats asiatiques qui avaient réalisé une percée économique identique dans les années 1980.

L’expansion de l’économie irlandaise a été acclamée comme étant le Miracle économique de cette dernière décennie.

La terre d’Irlande accueille désormais les ressortissants étrangers attirés par son dynamisme et don développement industriel.

Toutefois, on peut se demander si ce miracle irlandais est jute un miracle ponctuel ou s’il s’agit véritablement d’une émergence particulière, voire atypique de l'économie irlandaise. Mon objectif est donc de répondre à la problématique suivante :

l’atypisme de l’émergence du tigre celtique irlandais et ses limites

En effet, on peut se demander à quoi ce miracle irlandais est imputable. Comment l'Irlande a su devenir attractive et en quoi le succès économique irlandais est-il de devenu un miracle ? En d'autres termes, comment et pourquoi l'Irlande qui était dans un état proche de la banqueroute est passé à cet état de "Miracle Irlandais", émergence tout à fait atypique par rapport aux autres pays européens qui étaient dans la même situation économique en difficulté (le Portugal et la Grèce), mais également par rapport aux autres pays de l'UE et du reste du monde.

D'autre part, nous allons analyser les conséquences de ce bouleversement de l'économie irlandaise pour le pays et ses habitants.

Enfin, le Tigre Celtique n'étant pas invincible, celui-ci va se trouver face à des difficultés économiques et sociales que nous tenterons d’évaluer.

En trente ans, plus d’un millier de multinationales étrangères sont venues conquérir le marché irlandais : 500 américaines, 210 britanniques et une quarantaine de françaises…

Pourquoi et comment l’Irlande est-elle devenue si attractive ?

Faible niveau de taxation, économie en forte croissance, main-d’œuvre bon marché et qualifiée, flexibilité du travail, avantages fiscaux… les pouvoirs publics irlandais ont su créer un environnement propre à attirer et retenir les implantations industrielles étrangères grâce à une politique spécifique.

C’est ce que nous allons étudier plus en détail avec plus particulièrement les subventions dont l'Irlande a pu bénéficier, son programme d’assainissement des finances publiques, sa fiscalité attractive, les accords politiques originaux qu’elle a signés, et, on ne peut le négliger, son évident attrait touristique

Le tourisme est un secteur économique et un facteur d’importance puisque l’Irlande accueille chaque année plus de trois millions de visiteurs

celtic

La politique économique menée par l'Irlande, une politique assez spécifique est un succès qui se caractérise par une croissance record des exportations et par une forte dynamique de l'emploi

Au-delà de cette croissance importante des exportations, l’Irlande est devenue championne hors catégories de la création d’emplois pendant cette période.

Les seuls facteurs économiques (structurels et conjoncturels) ne suffisent pas à expliquer ce processus de développement soutenu. En effet, l’Irlande bénéficie d’une population jeune, éduquée, qualifiée, flexible et anglophone.

L’évolution particulièrement favorable de la démographie (arrivée sur le marché du travail de la génération du baby-boom des années 1970), la fin de l’émigration, l’augmentation nette du taux de participation ont permis une hausse marquée de la population active.

Une des conséquences les plus importantes de ce revirement est que l’Irlande, jadis terre de misère et donc d’émigration, est maintenant devenue terre d’immigration

Nous pouvons ainsi dire que l’Irlande est vraisemblablement l’étoile la plus brillante du firmament économique en 2004. Jusqu’à tout récemment, on pouvait correctement supposer que les « Tigres d’Asie » jouissaient de cet honneur au même titre. Mais il arrive que l’Irlande se soit épargnée de la crise qui est venue dévaster l’économie de l’Asie du Sud-Est. Dragon asiatique redouté par son dynamisme économique, la Corée du Sud connaît en ce début d’année 1997 une crise politique et sociale sans précédent, et s'est progressivement propagée, à partir de cette date, aux pays voisins. Suite à une série de mesures de régression sociale (possibilité de remplacer les salariés grévistes par des intérimaires, facilitation des licenciements, assouplissement de la flexibilité et des horaires de travail ; interdiction de création de nouveaux syndicats) on a assisté en 1998,  à l’effondrement du commerce intra-asiatique.

La croissance de l’Irlande s’est en fait accélérée à une époque où de nombreuses parties du monde étaient aux prises avec des chambardements économiques et où ses partenaires européens languissaient dans la récession ou la croissance anémique. Cette comparaison avec les « Tigres Asiatiques » nous démontre que l’intégration de l’Irlande est belle et bien unique ; une intégration à l’Irlandaise.

Ce miracle économique a été très bénéfique autant pour l'Irlande que pour les Irlandais. Ces conséquences bénéfiques se sont traduites par des transformations économiques, institutionnelles et sociales.

Les transformations institutionnelles concernent une modernisation du pays, une rénovation du système éducatif et la création d'associations à caractère social

Pourtant, le Tigre Celtique peut se trouver en face de certaines difficultés.

celtic

Au début de l’année 2001, l’économie irlandaise était encore considérée comme proche du plein-emploi et durablement installée dans cette situation. Aujourd’hui, le taux de chômage se situe autour de 5%. Ce serait là un revirement de tendance notable pour la République, qui s’était habituée ces dernières années aux envolées impressionnantes des taux de croissance et à un certain "miracle de l’emploi " 

Trois éléments vont nous permettre d'analyser et de comprendre ce revirement de situation : la fragilité de la situation économique, la fragilité au sein de l'Europe occidentale et les conséquences que celle-ci entraîne pour la population irlandaise

La population irlandaise a connu et a apprécié les impacts bénéfiques du phénomène du Tigre Celtique, comme nous avons pu le voir. Pourtant, l'économie irlandaise est en train de s'essouffler et ce ralentissement va être ressenti par la population de plusieurs façons.

En effet, elle va se trouver face à une pénurie de logement. D'autre part, le Tigre Celtique ne profite qu'à certaines couches de la population et certaines régions du pays et la réponse négative au référendum de Nice en 2001 soulève un sentiment de malaise (emprise des pubs et montée du racisme), d'autant plus que le pouvoir d'achat baisse et que certains engagements pris en période de croissance ne vont pas pouvoir être tenus.

Il y a à peine une décennie, le cas irlandais, considéré comme une entité dont l’économie avait échoué, était forte. Aujourd’hui, son succès économique attire les commentaires admiratifs des économies étrangères.

Si l'on devait résumer le miracle irlandais, on pourrait le ramener à un spectaculaire redressement des indices fondamentaux suivants :

-         de la croissance

-         de la réduction de la dette publique

-         du déficit public par rapport au PIB devenu excédentaire

-         de l'excédent de la balance commerciale en 1997

-    maintien d’un taux d'inflation inférieur à 2%.

Le boom économique de ces dernières années a permis à l’Irlande de franchir un seuil dans son développement et de converger vers les moyennes communautaires sur de nombreux aspects du niveau de vie. L’emploi s’est considérablement développé dans les industries et les services à forte demande de main d’œuvre.

Au milieu de cette euphorie, il est très facile d’oublier que la réussite principale du Tigre Celtique a été d’amener la productivité à un niveau supérieur et, cela est aussi important, que sa croissance actuelle ne peut pas durer jusqu’à la fin des temps.

C’est pourquoi, avec ce phénomène récent d'essoufflement du Tigre Celtique, on peut se demander si l’on doit parler de fin de miracle…

La pérennisation de cette économie, même si elle a contribué à de nombreuses analyses, implique probablement que les Irlandais engagent la réflexion sur la stratégie de développement à poursuivre et sur son inscription dans les rapports avec les firmes américaines et avec l’Union Européenne

Le Tigre Celtique reste tout de même un paradis pour les investisseurs puisqu’il maintient une stratégie de séduction. Tout porte dès lors à croire que la Républiqued’Irlande a enfin trouvé son bonheur, son trèfle à quatre feuilles

trefle

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